Le gigantesque fonds souverain de la Norvège bannit des géants miniers

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Une centrale thermique à charbon du géant énergétique allemand RWE, à Neurath, en Allemagne de l'Est, le 8 mai 2020 © AFP Ina FASSBENDER

Oslo (AFP) – Le fonds souverain de la Norvège, le plus gros au monde avec plus de 1.000 milliards de dollars d’actifs, a placé sur sa liste noire 12 nouveaux groupes, dont des géants miniers comme Glencore et Anglo American, a annoncé mercredi la Banque de Norvège.

L’exclusion du suisse Glencore et du britannique Anglo American mais aussi des producteurs d’électricité allemand RWE, australien AGL Energy et sud-africain Sasol est motivée par leur présence importante dans le charbon.

L’an dernier, le Parlement norvégien a durci les critères d’investissement du fonds pour l’obliger à se désengager davantage du charbon, une des énergies fossiles accusées d’être responsables du réchauffement climatique.

La Banque de Norvège, qui chapeaute le fonds, a aussi annoncé la mise sous observation pour les mêmes raisons de BHP Group, Vistra Energy, Enel et Uniper. Cela signifie que ces entreprises feront l’objet d’un suivi particulièrement attentif susceptible de déboucher sur leur exclusion.

L’ONG environnementale allemande Urgewald s’est félicitée que le fonds, lui-même alimenté par les fonds pétroliers de l’Etat norvégien, poursuive son désengagement du secteur du charbon, mais elle dit rester sur sa faim.

« Nous sommes déçus car certaines entreprises placées sous observation auraient dû être clairement des candidates à l’exclusion », a commenté sa directrice, Heffa Schuecking.

« BHP, qui a produit en 2019 27,5 millions de tonnes de charbon thermique se situe clairement au-dessus du critère absolu du fonds qui est une production annuelle de charbon de 20 millions de tonnes », a-t-elle ajouté.

La banque centrale a aussi fait état mercredi de l’exclusion de sept autres sociétés, cette fois-ci sur des critères purement éthiques.

Le conseil d’éthique, organe consultatif qui guide le fonds dans ses placements, a recommandé le bannissement de Canadian Natural Resources, Cenovus Energy, Suncor Energy et d’Imperial Oil en raison de leurs « émissions inacceptables de gaz à effet de serre ».

Le brésilien Vale, impliqué dans la rupture d’un barrage qui a fait quelque 270 morts en janvier 2019, et l’égyptien ElSewedy Electric ont également rejoint la liste noire, accusés de « dégâts graves sur l’environnement ».

Idem pour l’électricien brésilien Eletrobras, à qui il est reproché d’avoir violé des droits des peuples indigènes lors du développement de la centrale électrique Belo Monte.

En revanche, deux autres sociétés, l’américaine Aecom et Texwinca Holdings (Hong Kong), ont été réintégrées, la première n’étant plus impliquée dans la construction d’armes nucléaires, la seconde ayant liquidé une filiale accusée de violer les droits des travailleurs.

Investi dans plus de 9.200 entreprises et contrôlant l’équivalent de 1,5% de la capitalisation boursière mondiale, le fonds norvégien pesait mercredi près de 10.250 milliards de couronnes (1.011 milliards de dollars – 931 milliards d’euros).

Ses décisions d’investissements ont d’autant plus d’impact qu’elles sont souvent suivies par d’autres investisseurs.

© AFP

4 commentaires

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    • Balendztd

    Dommage que mon message précédent sur GoodPlanet ne soistpas passé il était plus important que celui-ci:

    je dirai donc que cet argent est de l’argent sale dans la mesure où la Norvège de suffit pour ses besoins de l’énergie électro hydraulique associée à ces barrages

    • Balendard

    La vision pro-nucléaire de Monsieur Jancovici n’engage que lui et il ferait peut-être bien de tenir compte de l’avis de Stephen Hawking qui estime que nous avons déjà scellé le destin de l’Humanité et que dans moins de 100 ans, les sociétés humaines ne seront plus. Cette vision peut sembler extrêmement pessimiste et faire sourire (jaune). Toujours est-il que sur le long terme une croissance exponentielle ne peut pas durer dans un domaine fini comme celui de notre planète. La solution qui consiste pour faire simple à choisir dans un premier temps le soleil et l’eau plutôt que l’atome et les dérivés du pétrole pour satisfaire nos besoins en énergie nous permettrait probablement de tenir quelques siècles de plus, Reste que sur le long terme, c’est-à-dire le millénaire, il faut se rendre à l’évidence : notre seule chance que « l’avenir de l’homme soit sur terre » est que nous nous arrangions de telle sorte que nos besoins en énergie n’excèdent pas les capacités naturelles de production de notre planète. Il est plus que probable que nous n’arriverons pas à changer la terre et que notre souhait d’y implanter le Soleil avec ITER est voué à l’échec. Soyons concret, évitons la terre poubelle et ne montrons pas le mauvais exemple en construisant sur notre territoire 6 nouveaux EPR avant même d’avoir mis en place le démantèlement des anciennes centrales et solutionné le stockage des déchets radioactifs. Prenons conscience que le nucléaire civile est une porte ouverte vers le nucléaire militaire et prenons conscience qu’il nous faut réduire les inégalités et équilibrer le prix de vente de l’électricité avec celui des produits fossiles.
    Ceci en augmentant le prix des combustibles fossiles et la taxe carbone qui leur est associée et en profitant du fait que le prix de revient de l’énergie électrique voltaique est plus faible que celle consistant à la produire avec la combustion du charbon. La situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement avec une surproduction des produits fossiles qui excède la demande avec des réservoirs de stockage plein et des prix qui chutent est une situation dangereuse qui pourrait nous inciter vu la tendance naturelle d’Homo sapiens à « prendre au moins cher » à choisir la mauvaise voie.

    La course effreinée de l’Agence internationale de l’énergie vers le toujours plus au niveau de la production pétrolière est voué à l’échec. Vu l’épuisement de nos réserves d’énergie non renouvelables et particulièrement du pétrole la raison nous impose de réduire la demande là où la consommation est la plus importante. À savoir en modifiant sans plus attendre les chaînes énergétiques actuelles assurant le chauffage de l’habitat et la motorisation de nos véhicules terrestres voire même de nos véhicules aériens sur le plus long terme.
    Des societes comme l’Aérospatiale) et British Aircraft Corporation qui ont conçu
    conjointement un avion de ligne supersonique aussi sophistiqué que
    le Concorde sont probablement capables de mettre au point en quelques décennies une aile volante solaire gonflée à l’hélium certes moins rapide mais considérablement moins énergivores que nos avions de ligne actuels

    Ceci de quelle sorte que notre besoin en energie qu’il s’agisse d’énergie thermique pour l’habitat ou d’énergie mécanique pour les véhicules soit satisfait différemment.
    Il est tout de même surprenant que la notion de chaîne énergétique ne soit pas plus souvent mise en avant dans le cadre du raisonnement vu les solutions qui s’offrent à nous pour vivre dans un monde meilleur.

    • Dehousse Marc

    La Norvège qui n’est pas rentrée dans l’Europe dispose de sa Banque Nationale. On aimerait que la BCE prenne de semblables décisions au nom de tous les pays européens. Rêvons un peu.

    • Didier

    Continuez dans cette logique!